Quels enseignements tirer du travail d’investigations sur les empoisonnements, pollutions et intoxications pendant la dernière guerre en Bosnie I Herzégovine ?

Du 2 au 11 Décembre 2020 Potentiel a fait ce qui était prévu de faire en Mars 2020.

Retard Covid 19 oblige nous voilà en possession des documents qui montrent l’impact de la guerre sur le développement des cancers. Après une enquête aléatoire dans toutes les grandes communes du Canton Una Sana il en ressort que l’on trouve une personne atteinte du cancer dans presque toutes maisons ou appartements. Des enfants aux plus anciens nul n’est exclu de ce fléau qui sévit avec agressivité et gravité.

Les militaires ont pu fournir les preuves d’empoisonnements volontaires des populations encerclées pendant 1201 jours dans le canton d’Una Sana.

Inutile de poursuivre dans ce sens puisque ce que nous pressentions a été confirmé. Nous avons plus de force pour continuer notre projet de centre ou réseau d’oncologie avec ce que nous avons pu récolter comme informations. Comme annoncé dans les textes initiaux, le seul but de Potentiel est de sauver des personnes, pas de faire le procès de la guerre.

Malheureusement ce constat édifiant n’explique pas tout. Il vient s’ajouter à un état sanitaire et environnemental très dégradé. Avant la guerre la pollution des entreprises (garages, centrales à béton, élevages intensifs de poulet etc.) étaient extrêmement nocifs. Ces activités étaient à l’origine de graves pollutions des rivières, notamment de la Una. D’autre part la majeure partie des maisons se chauffent toujours au bois. C’est une source importante de pollution de l’air. La situation est identique à celle d’avant.

Une baisse significative des activités économiques et industrielles aurait pu infléchir ces pollutions. Malheureusement pendant la guerre et après la guerre cette région est devenue une véritable poubelle. L’accroissement significatif de décharges sauvages est un réel fléau écologique. Rien que sur Bosanska Krupa et ses environs on en dénombre au moins cinq. Des tonnes d’armes démantelées ont atterri dans ces lieux hautement pollueurs. Les pensements et déchets hospitaliers, les médicaments et conserves périmés venus de l’étranger se sont rajoutés aux produits militaires toxiques pour empoisonner l’eau des rivières. Après les intoxications de la guerre se rajoutent des drames environnementaux.

Il faut également prendre en compte l’éclatement du maillage sanitaire de l’ex Yougoslavie. Avant la guerre Banja Luka était tourné vers Belgrade. Bihac était connecté avec Zagreb. Aujourd’hui Bihac est coupée de ces centres hospitaliers. Elle est connectée avec Tuzla ou Sarajevo soit à près de 6 heures de route. Les habitants du Canton Una Sana tournent majoritairement le dos à Banja Luka ce qui leur crée un réel désert médical. Les conséquences sont dramatiques pour tout ce qui touche à la prévention, au dépistage et aux traitements.

Le réseau oncologique pressenti devient encore plus pertinent sous réserve qu’un travail concomitant de santé environnementale s’enclanche en urgence.

Comme annoncé dans de précédents articles la dynamique systémique de ce projet est une vraie valeur ajoutée pour redynamiser le canton d’Una Sana.
L’effet de celle-ci sur l’économie globale est certain si le déterminisme et la cohérence des programmes agissent en complémentarité, de façon collaborative. La seule finalité supérieure est de sortir les populations de l’inexorable déclin annoncé et parfois voulu localement et/ou par la communauté internationale !

Même si le contexte reste complexe, ce projet doit sortir des discours alarmistes que les politiques locaux et internationaux développent pour asservir ou pour ne pas agir. Certains comportements maintiennent les populations dans l’impuissance à agir. Des intérêts internationaux divergents annihilent toutes initiatives de soutien à ces populations. Peut-être s’arrêter de jouer avec le feu sur le dos de ces populations. Elles méritent plus de considérations que ce qu’elles reçoivent actuellement. Il est encore temps d’agir avant que toutes les forces vivent et compétentes de ce pays quittent les villes et les villages.

Potentiel 3.0 garde l’espoir d’un réveil international urgent. Elle compte sur le courage de ceux qui détiennent les solutions politiques et économiques pour relancer ce beau pays digne de respect et d’encouragements. Laisser une telle situation en l’état affaiblit toute la communauté internationale. Sans reproduire les erreurs du passé des chemins positifs existent, encore faut-il vouloir les révéler et les activer.