A la rencontre des Orphelinats autour de Bihac.
(Bosnie et Herzégovine)

8 et 23 Octobre 2021

Depuis près de trente ans nous avons toujours eu l’envie d’aller voir du côté des orphelinats, sur le canton Una Sana. C’est fait pour Bihac et ses alentours.

Trois structures sont accessibles aux enfants sans parents. La première à Bihac est en fait un foyer de l’enfance. Il accueille environ cent cinquante jeunes aussi bien des orphelins que des enfants éloignés de leurs familles pour diverses raisons. Nous nous sommes pas rendus dans cette grosse structure qui n’a pas un caractère spécifique d’orphelinat.

Nous avons consacré nos visites à deux petits établissements réservés exclusivement aux orphelins. L’une pour une vingtaine de bébés et enfants jusqu’à 6 ans. L’autre, avec deux femmes (mères de substitution) qui ont une maison d’accueil pour six enfants chacune. La seconde structure est rattachée au foyer de l’enfance de Bihac. La première est sous forme d’association non gouvernementale dénommée DRUGA (arc en ciel) Art.

Visite de l’orphelinat DUGA (Arc en ciel) – Art

« Centar Druga Art »
De gauche à droite: Sabina Ljescanin, la directrice et le Président de Potentiel 3.0

La fondation « Centar Druga Art » se trouve à 45 Km de Bihac. Elle est proche des superbes chutes, sur la rivière Una, « Strbacki Buk ». Sabina Ljescanin, la directrice, est une femme extrêmement dynamique, sensible et courageuse. Son conjoint est récemment décédé d’un cancer. Exilée en Allemagne pendant la guerre elle organisait, avec son mari, des convois pour aider la population de Bihac.  C’est une visite à l’hôpital de Bihac qui lui a fait prendre cette décision : accueillir les bébés orphelins qui étaient oubliés dans un coin de l’hôpital. Native du petit village de Kulen Vakuf, à 45 Km de Bihac, Sabina a pu bénéficier de locaux désaffectés par l’école, suite aux départs massifs des familles, après la guerre. Une association allemande a pris en main la rénovation des locaux. Ils sont maintenant très fonctionnels, propres, spacieux et paisibles pour tous ces bébés et jeunes enfants.  24 enfants sont répartis en 3 groupes. Les 0-15 mois, les 16 – 36 mois et les 37 mois – 6 ans. Ils sont encadrés par 18 personnes dont 12 pour le service éducatif. Les connections avec les spécialistes en santé sont en place. Des psychologues, pédiatres interagissent avec la structure de façon régulière et chaque fois que cela est nécessaire. L’implantation éloignée de Bihac ne semble pas être un handicap. Le calme et la nature concourent à rendre ce lieu identique à un havre de paix. Seule l’incertitude financière reste le souci majeur qui peut mettre en péril la pérennité de cet établissement. Une aide pécuniaire stable reste le meilleur soutien que l’on puisse faire

Le Budget annuel est de 590 000 KM (300 000 Euros). Le canton Una Sana donne environ 45 000 KM (23 000 Euros) en réduisant sa participation à 35 000 KM (18 000 Euros) en 2021. Inutile de dire l’incertitude pécuniaire qui envahit le quotidien de cette structure. Des dons aléatoires arrivent avec des groupes de soutien Suisse et Allemand principalement. Des ventes de tableaux, offerts par des artistes, permettent de gagner un peu d’argent. Des dons locaux, en natures, arrivent sans vraiment répondre aux besoins de la structure (1O moutons d’un coup, 200 litres de lait pas adaptés pour les bébés etc.).  La meilleure aide reste les dons en numéraires. Potentiel 3.0 a laissé 500 Euro pour acheter du bois pour l’hiver.  Le sérieux et l’honnêteté de la directrice garantissent le bon usage des sommes reçues. C’est une structure qui mérite soutien. Potentiel 3.0 est en mesure de faire le lien pour recevoir des dons dédiés.

Un reçu pour déduction de 66 % de la somme versée sera remis aux donateurs afin d’obtenir une réduction d’impôts.

                                                   

       Président Potentiel 3.0 et les deux mamans de substitution                                             Madame Bezanovic Hidajetta (mère de substitution)
                                                                                                                                                                              avec Dzenada Badnjevic (Interprète pour Potentiel 3.0)

La seconde structure est faite de deux maisons pouvant accueillir chacune 6 enfants. Deux mamans de substitution s’occupent 24 H Sur 24 de la vie de ces jeunes de 6 à 18 ans. Ces mamans doivent être mariées et avoir une vie de famille à côté. Ces personnes ont leur propre maison proche du centre. Les maris et leurs enfants participent à la vie de famille de ces maisons d’accueil. La prise en charge institutionnelle d’un budget est quasiment nulle. Il n’y a pas d’aide du canton. Elles se « débrouillent » avec des dons et quelques productions d’objets réalisées par les jeunes résidents. Les vêtements neufs ou en très bon état sont également les biens venus. Par principe ces mamans ne prennent pas d’argent liquide pour éviter toute suspicion. Elles viennent avec vous pour acheter 200, 300 Euros soit pour de la nourriture, soit pour des médicaments, soit pour du bois de chauffage etc. Souvent ce sont ces mamans qui paient les factures d’électricité sur leurs propres deniers. Un vrai sacerdoce et beaucoup d’amour pour tous ces orphelins. Nous reviendrons les voir sans doute avec des vêtements.

 Deux visites chargées d’émotions, de dignité et d’encouragements. Elles nous renvoient vers beaucoup d’humilité et de respect. Le travail accompli et les valeurs portées par ces engagements sont à la base d’un accompagnement essentiel et structurant pour ces enfants et adolescents orphelins.

Ces exemples montrent le danger des représentations que nos imaginaires construisent souvent par ignorance pour ne pas dire par supériorité. La difficulté d’un pays n’enlève pas la compétence des gens, ni la qualité de leurs implications. Avec leurs propres moyens ils savent garder la tête haute et répondre à des engagements responsables et extrêmement humains. Nos rencontres doivent rester celles de pairs qui partagent des enjeux, des valeurs malgré des cultures différentes. Leurs savoir-faire, leurs capacités d’adaptations et leurs résiliences sont des moteurs que beaucoup d’entre nous aurions du mal à activer. Ces rencontres sont de réelles leçons de vie. Apprendre de ces exemples c’est peut-être une façon de nous ramener sur terre, là où l’essentiel devient précieux, où le bonheur est simple et où l’amour reste la plus belle énergie.

Merci à mesdames Bezanovic Hidajetta et Sabina Ljescanin pour leurs accueils et leurs belles leçons d’humanité.